
Après les achats d’éditeurs de jeux vidéo qui se sont déroulés durant le mois de janvier, atteignant des montants jamais imaginés il y a quelques années, il serait légitime de se demander pourquoi ces mouvements de rapprochement ont eu lieu dans un si court laps de temps.
La période actuelle est propice aux acheteurs, mais pas que.
En l’état actuel du marché, les consoliers que sont Sony Playstation, et Microsoft Xbox ont réussi à vendre un nombre incroyable de machines, suscitant également une forte attente des consommateurs qui désirent se procurer des devices de nouvelle génération, produits régulièrement en rupture de stock dans les différentes enseignes de vente, et dont le niveau de rentabilité est au-delà des espérances des constructeurs.
Désireux de maintenir la poussée des fortes vents dont ont bénéficié les acteurs du milieu, ils cherchent à présent à transformer cet élan en base stable pour les prochaines années.
L’acquisition d’Activision-Blizzard, et donc de King Digital Entertainment, par Microsoft, lui permettra de prendre part au marché des jeux sur mobiles, et l’achat de Bungie par Sony lui permettra quant à lui d’aller chercher le marché des jeux Games As A Service.
Ces bases étant posées, si nous nous placions à la place du vendeur?
Pour un éditeur, qui serait présent sur le marché depuis plus d’une décennie, ne serait-ce pas le meilleur moment pour intégrer un grand groupe, et récupérer au passage une plus-value financière? Qui aurait pu imaginer que Zynga, qui réalisait en 2020 un chiffre d’affaire de près de 2 milliards de dollars, allait se faire racheter par Take-Two pour 12,7 milliards de dollars? Ou encore que Sony débourserait 3,6 milliards de dollars pour acquérir Bungie, et Xbox 2,5 milliards de dollars pour Mojang?
Patienter, c’est perdre de l’argent.
Le taux d’inflation de 7% que connaissent les Etats-Unis (le taux normal est évalué à 2% par la Réserve Fédérale) fait que le billet vert perd de sa valeur au fur et à mesure que le temps passe.
A titre de comparaison, pour 100$ dépensés début 2021, vous n’obtiendriez que 92€ de produit début 2022.
Ramené aux chiffres de achats qui viennent d’avoir lieu, cela équivaudrait à une perte d’un milliard de dollars pour Take-Two, de 288 millions de dollars pour Playstation, et de plus de 5 milliards de dollars pour Xbox.
Ce phénomène étant en passe de perdurer, les éditeurs doivent trouver le moyen de convertir cette perte financière en une source de revenus stable en diversifiant leur activité, ou du moins essayant de toucher un autre public que celui auquel ils ont pris l’habitude de s’adresser.
L’alignement des planètes
En tenant compte des éléments que nous avons cités précédemment, il est facile de comprendre que les deux parties ont grand intérêt à rapidement étudier les possibilités de fusion/acquisition.
Les acheteurs perdent, au fur et à mesure que le temps passe, de leur capacité d’investissement. Ils doivent rapidement acquérir de nouveaux studios tant que leur argent vaut quelque chose.
Les studios qui se voient proposer une offre de rachat savent que cette opportunité ne se présentera probablement pas de si tôt.
Compte tenu de cette situation, il serait anormal que de nouvelles annonces de rachat ne voient le jour, probablement à des niveaux jamais espérés.
Auteur : Nicotref